Au fil des années les lois concernant l'immigration ont constamment durci les conditions d'entrée et de séjour pour les étrangers. Le regroupement familial, qui correspond à la volonté légitime d'un travailleur étranger de vivre avec sa famille, a été baptisé "immigration subie". Les obstacles administratifs rendent ce regroupement familial très difficile. De nombreux étrangers n'ont pas attendu le visa impossible pour faire venir en France un enfant, ou un conjoint. Ceux-ci deviendront ainsi, à un moment ou un autre, des "sans-papiers", une vaste catégorie qui regroupe aussi des demandeurs d’asile déboutés, des étudiants ayant fini leurs études, des travailleurs licenciés, des conjoints séparés...
Ils vivent alors sous la menace de l’enfermement et de l’expulsion sur décision du Préfet car une politique du chiffre enjoint aux préfets de reconduire à la frontière chaque année un quota d’étrangers indésirables , 30.000 en 2010.
Le RESF
En 2004 , quand les premiers élèves des lycées de la Région Île de France ont été menacés par un Arrété Préfectoral de Reconduite à la Frontière APRF), leurs camarades de classe, leurs enseignants, des parents d’élèves et des élus se sont opposés à ces expulsions. Ils ont fait savoir autour d’eux quelle politique était menée au nom des citoyens français : le RESF était né. Peu à peu toutes les Régions de France ont vu se multiplier ces mesures d’ostracisme envers des jeunes et des familles qui se croyaient protégées dans la "Patrie des Droits de l’Homme" . Le réseau s’est élargi.
De 2004 à 2011 la situation s’est aggravée et l’action du RESF sur tout le territoire n’a cessé de se développer , relayée par certains medias par des artistes de toutes disciplines.
A Montpellier, depuis 2005, RESF soutient des jeunes majeurs sans papiers. Dans le cadre de l'action collective, ceux-ci ont pu prendre la parole eux-mêmes pour dénoncer leur situation et revendiquer leur droit à la régularisation. RESF Montpellier se mobilise aussi contre les expulsions qui visent les familles, et participe activement aux comités de soutien qui se constituent dans les écoles.
Avec le soutien de nombreux artistes, Le RESF de Montpellier a organisé cette Quinzaine “ la Fabrique à (sans) papiers” pour faire connaître les situations qui brisent les vies des jeunes majeurs et des familles sans papiers. En ce moment précis où une nouvelle loi (Besson-Hortefeux), encore plus drastique et hostile à l’étranger, est en débat, L’exposition des oeuvres des artistes, leurs interventions pendant la quinzaine, les débats et les projections de films visent à associer tous les citoyens de bonne volonté à un combat pour le respect des droits de l’homme, combat modeste, ingrat, mais décidé et inscrit dans la durée.
Le soutien déterminé de la municipalité de Montpellier a rendu possible le déroulement de cette action.
L'exposition : des artistes engagés autour des sans-papiers…
Pour exprimer leur solidarité avec les sans-papiers, , certains manifestent, organisent des conférences ou participent à des cercles de silence, d’autres parrainent des familles... Depuis 2004, il y a eu de nombreuses initiatives, toutes plus créatives les unes que les autres, en faveur des travailleurs et familles sans papiers. Des films, comme "Laissez-les grandir ici" ou "On bosse ici, on vit ici, on reste ici" réalisés par un collectif de cinéastes et largement diffusés en France, des concerts, comme le grand concert Rock sans papiers, le 18 septembre 2010 à Bercy, des livres - romans, documentaires, B.D…
La quinzaine RESF de Montpellier s'inscrit dans cette lignée. Des artistes trouvent ainsi leur manière d'exprimer leur engagement. Depuis deux ans à Montpellier beaucoup l'ont déjà fait, de manière personnelle ou collective, en parrainant des jeunes sans papiers. La cérémonie de parrainage républicain d'avril 2009 l'a manifesté publiquement. On ne compte plus les concerts de soutien, les dessins offerts… En mars 2010 RESF organisait un concert avec Mauresca. Cette année une exposition regroupe des oeuvres de plasticiens, de céramistes, de dessinateurs, de photographes. Elle présentera aussi des réalisations faites avec les jeunes majeurs sans papiers, dans le cadre d'un atelier de céramique mené par Loul Combres et d'un atelier photo mené par Sylvia Hansman.
Certaines œuvres sont un écho direct de l'actualité des luttes menées par RESF et d'autres collectifs de soutien aux sans-papiers : dessins de presse, photos des manifestations. D'autres (céramiques, œuvres plastiques, photos) témoignent que les artistes ne créent pas dans l'indifférence au monde. Ils s'y adossent au contraire et ouvrent l'imaginaire vers d'autres possibles.
Photographes : Anthony Jahn, Bastien Defives, Alexandre Dupeyron, Patricia Fournier, Sylvia Hansman, Olivier Jobard, Christophe Noisette, Simon Tran.
Dessinateurs et graphistes : Aurel, Pierre Bara, J-F Batellier, Lionel Brouck, Charb, Faujour, Gendrot, Gros, Fred Hem, Plantu, Julien Revenu, Tardi, Tignous, Lewis Trondheim…
Une idée de l'exposition
Dans la première salle on trouvera dessins de presse, BD, affiches et photos documentant la situation des sans papiers aujourd'hui et les actions de RESF.
Dans la deuxième on trouvera un historique du RESF, des photos d’artistes.
Dans la troisième salle, au centre les céramiques et sur les murs les œuvres de plasticiens, graphistes et photographes.
Dans l'ensemble de l'exposition on pourra écouter des reportages enregistrés, témoignages de jeunes majeurs et interviews par eux-mêmes de migrants venus en France dans les années 70 (réalisation des reportages avec le soutien de Kawenga).
Des films et diaporamas seront diffusés sur des téléviseurs.