RESF34

jeunesse sans papiers, jeunesse volée

J’écris pour que tu comprennes...




mercredi 9 janvier 2013

Si je dois mourir à la guerre

Si je dois mourir à la guerre
Nul n’aura de larmes
Je n’ai jamais connu leurs charmes
Un orphelin n’a pas d’histoire
Mourir en héros pour la gloire
Ta liberté tu la paies de ton sang
Goutte par goutte
Un regard malheureux sans aucun objectif
Te voit debout
Et souhaite te mettre à genoux
Nous ne sommes pas encore obligés de tuer
On ferait mieux de se reposer
Même si on sait
Qu’on partira bientôt
Abdelhaq




C’était un soir de Noël il faisait noir.
Dans ma chambre, pleurant ma première misère, et j’ai appris à écrire.
Si j’écris cette lettre c’est parce que j’ai envie de t’ouvrir mon cœur et de te montrer mes principes et mes défauts ? Avec une plume en main et une feuille blanche si tu permets.
Si quelque chose froisse ton cœur dans cette lettre, pardonne-moi, je l’expie par les larmes en l’écrivant et j’écris pour que tu comprennes d’où je viens et pour que tu comprennes mon histoire tout simplement.
Un orphelin n’a pas d’histoire, mourir en héros pour la gloire. Je ne suis pas maître de ma destinée. Je vous prie de m’en excuser.
Abdelhaq




J’ai du mal à comprendre quand je vois tous ces gens libérés de la peur qui les hantait
Au fond de moi j’ai du mal à comprendre quand je vois tous ces gens mal nourris victimes de maltraitance.
La planète tourne à l’envers, ça me fait peur.
Je vois de la joie au lieu de la haine dans les yeux des gens, et de la peine quand je regarde les infos et vois ce qui se passe dans d’autres continents.
Je vis là où les jours se confondent avec la nuit, là aussi où on laisse un peu de chance au plus diminué, aux orphelins qui retrouvent l’amour dans un foyer secondaire
Et leur enfance a été bercée par la couleur d’un père
Un être humain, est-ce possible ?
On oublie la vérité et on vit dans un monde irréel
On ne prend plus le temps de dire aux autres ce qu’on ressent
Nous vivrons ensemble pauvres et heureux, riches d’amour et de poésie
Si dans cette lettre quelque chose froisse ton cœur, pardonne
Je l’expie par les larmes que je verse en l’écrivant
Ma vie est ce que tu veux, je suis triste, bien isolé, toutes mes soirées
Je les passe dans ma chambre à coucher Je ne puis plus supporter mon cabinet
Tout mon cœur, toutes mes pensées
J’ai senti plus d’une fois des larmes me monter dans les yeux au moindre souvenir

Je vous quitte, mais je vous aime pour toujours dans mon cœur

Abdelhaq




Je ne sais pas par où faire passer mon message, ce que j’écris, ce qui tourne dans ma tête. La feuille est devant moi, le stylo aussi, mais moi, je suis ailleurs. Je ne sais plus.
Je suis seul, je veux écrire, parler à quelqu’un mais par où je commence ? Par " Je " ou " il " ?
Je veux vivre heureux, retrouver mon sourire, j’ai pas de papiers, je suis victime, je me sens perdu comme si je n’existais pas, je crie
Au secours ! Je suis là ! Comme tout le monde ! J’ai le droit de vivre ; de rêver
Personne ne m’entend.
Je cours encore, je reste sur le trottoir à regarder les gens passer en rigolant.
Ici en France, je suis avec mon père, j’écris des feuilles, je passe mon temps à écrire, j’ai l’impression que je n’ai rien écrit, les feuilles sont blanches aux yeux des autres. Mais pour moi, c’est tout noir, plein de textes.
J’aime l’école, je veux réussir mon diplôme, faire du sport, sortir, mais à chaque fois, quand je reçois une lettre, j’ai peur que ce soit une lettre du Préfet. Peur quand je vois un policier : tout ça, ça me déconcentre.
Je me sens prisonnier de tout, trahi, sans le droit de vivre ni de rêver.
Abdelmajid




L’autre monde


L’autre monde est mystérieux pour eux
C’est aussi notre monde à
Nous, lourd, sourd et unique
C’est lui c’est elles, avec des paysages magiques
Donner le droit à
L’autre c’est logique
Ensemble, sortir et franchir les frontières
Calme et violent Mais tout le respect avant
Abdelmajid




L’enfant qui crie


L’enfant qui parle, qui crie
Il veut sortir, se sentir libre
Vivre son aventure
Etre comme les autres
Pas possible
Il veut partir, voir sa famille

L’enfant qui parle, qui crie
Veut ouvrir les yeux
Voir le coucher du soleil
Etre libre, sentir l’air frais traverser son corps

L’enfant qui crie
Veut oublier la souffrance, la douleur, les problèmes
Il veut se reposer, dormir
Il veut réussir, travailler
Il ne demande qu’une chose
Qu’on le laisse partir
Une chance de réussir
Alors il crie
SVP, donnez-lui sa chance
Laissez-lui son rêve !

Personne ne l’écoute, personne ne l’entend

Abdelmounime




Voyageurs immobiles


Mais toujours vos vieilles haines
C’est un meurtre un assassinat organisé
Par l’Etat
Leurs armes, ce sont des mandats
Leur cible, c’est nous
Ces voyageurs fixes qui mendient
Leur liberté
Qui ne cessent de la demander
Contraints à être comme des fantômes
Invisibles
Et comme des zombies
Des morts vivants
Qui existent sans exister
C’est navrant désolant
Tout ça parce que des personnes ivres de pouvoir
Ont décidé ainsi pour nous
Abderrahmane




J’ai dix neuf ans et je ne peux pas rentrer dans une boîte car j’ai pas un

TITRE DE SEJOUR
Et tous mes potes rentrent en boîte et pas moi.
Je retourne chez moi je ne me sens pas bien
Je pleure tout le temps
Des fois je me dis j’existe pas
enfin j’existe mais c’est comme si j’existais pas
Je me mets sur mon lit et je vois un poster d’un footballeur
Le lendemain je suis allé voir un club de foot
et là aussi ils veulent pas me prendre
parce qu’ils m’ont demandé un Titre de séjour
A la fin j’ai laissé tomber tout J’ai décidé de mourir
Je me suis jeté dans une rivière où il y a plein de crocodiles
Mais les crocodiles ne m’ont pas mangé :
ils disent que j’ai pas de Titre de Séjour
Fous le camp de ma rivière !

Abdeslam




VERT


Le printemps est un sirop de menthe verte
C’est tellement délicieux
On est gai, joyeux, et souriant.
Le soleil fait son apparition.
Je prends mes clés, ma voiture, sans oublier le papier d’assurance, bien sûr
Et je m’envole vers le littoral
Une vérité virtuelle
Un feu vert
Je vous laisse imaginer ce paysage magnifique, cette nature sublime.
Les gens sont aimables, souriants
J’ai tout de suite oublié l’esprit du travail.
Je vois le vert partout
Les plantes, les arbres, les fleurs
Le verre de terre
Cette immense véranda
J’aurais tellement aimé que le temps
Reste tout le temps vert.
Amina




Je veux partir de là


Non tu ne veux pas mais tu veux t’enfuir mais même si tu pars ce sentiment restera pour toujours !

Mais si je suis là je vais souffrir de plus en plus,
je ne dors plus. Je n’ai confiance en personne, j’ai peur même de mon ombre, que puis-je faire,
je ne sais pas où aller, j’ai l’impression que tout le monde me hait ! Même sur cette terre personne ne me veut.

On dirait que je vis dans un cauchemar, mais si c’est vrai, j’attends avec patience le moment de me réveiller.

Tu sais ce que j’aimerais faire, c’est partir
dans une île. Je crois que c’est là où je pourrais être tranquille, tu vois,
la mer en face et le soleil qui brille de sa chaleur.

Plus personne te casse la tête.

Amina




Les lois de l’oppression


elle nous envahit
un regard trahit
sans l’avoir pensé
une loi qui pourra être défendue
sans aucune oppression
un regard maheureux
sans aucun objectif
une loi qui manifeste, qui manifeste
sous un regard enfermé
lutter, oui mais pourquoi pas voter
un vote ! qui tue les fantômes de la jeunesse
un droit humain probablement faux

Ouvrez les yeux
sous un regard fraternel
Amina




Fin de l’enfance


L’enfance joyeuse finit
L’enfer mystérieux commence
Etre grand ou grande c’est difficile
Etre petit ou petite c’est facile
Faire franchir et finir
Commencer, recommencer, partir et revenir
Amina




Fraîcheur sensuelle au pied couché dans l’herbe

L’humidité d’une douceur d’agneau

Vent glacial, fleur jade naît
l’éternel hiver rigoureux.

La mollesse du temps prévoit la pluie diluvienne

Et le soleil dormant à pleine lune

Le lit bienvenu des dépenses éprouvantes

La broussaille touffue où tout fut
raconté dans l’ombre du baobab

Le temps saoûl soumis aux caprices des moules

La machine à tuer dort dans le jardin

La joie des jardinières à savoir
d’été le soleil bâille d’ironie.

Djenabou




Les enfants vont vers le village
Nous, nous vivons contre la joie
Contre la rive
Des femmes ont rêvé du vent au village
Les femmes ont ri au village
Et mille enfants et mille rifs
Mais qu’un seul rire
Mais qu’un seul livre
Nous prendrons beaucoup de rifs au village
Nous, nous venons vite à la rencontre de la joie
Hafida




JAUNE


J’aimais les jours pleins de lumière et de soleil
J’ai mangé des fruits jaunes, des dattes et des pommes
J’ai bu toutes les boissons, mais je préfère le citron
J’ai fait des gâteaux avec des jaunes d’œuf

J’aimais la maison jaune aux tissus jaunes
J’aimais le chien jaune
Ni grand ni petit qui aboie près de la maison

Le soleil réapparaît
Et tout d’un coup, j’ai chaud
Je suis rentrée chez moi
J’ai rallumé une lampe

Je suis triste
Je ne peux pas sortir

Tellement il fait chaud

Hafida




L’amour


La plus belle des mers
Efface tous les crimes de la terre.

Ce beau petit mensonge
N’est pas un mal qui dérange
Tant qu’il alimente l’espoir des gens
Comme l’ont toujours fait les anges

Cette lointaine vision évoque l’illusion
Que malgré les combats, les trahisons
De plus en plus forte sera notre liaison

Faut parler de la solitude autour de soi
Ne pas avoir peur de la dérision d’une loi
Qui te soutient ne pointera pas le doigt contre toi
Pense aux proches qui séjournent à ton côté, comme moi

La vie est un éternel concours
Où le désespoir limite le cours de notre futur
Faut vivre notre quotidien en plein jour
Et fondre nos âmes dans le velours

Vivons avec le cœur les émotions du jour
Et n’oublions pas le sentiment que l’on appelle …
Jalila




Identité


Elle veut ses papiers
Pas possible ?
Il est dur, dur mais avec qui ?
Avec tout le monde
Elle existe ou il existe, mais qui ?
Lui bien sûr
Mais qui ? Lui ? Ou elle, bien sûr

Elle est en colère, elle est malheureuse, mais qui ?
Elle, il ? Elle ou lui, qui ? Je peux pas dire comment Elle s’appelle ou comment il s’appelle, mais Pourquoi ?
Parce que pour lui, il n’existe pas mais qui ?

Je ne comprends pas, ne cherche pas à Comprendre, parce que lui,
Il ne cherche pas à comprendre
Elle ou lui ? mais qui ?
Tu veux vraiment savoir qui c’est ?

Oui

C’est Lui c’est Elle
Karima




Sous le sceau du secret


C’est une chose qu’on garde pour nous. Une chose qu’on ne dit pas aux gens

Sauf s’ils essayent de nous aider

Cette chose, on la cache avec un mélange de ciment et de plâtre
On la peint avec une peinture noire qui brise nos cœurs
En dormant

On tombe amoureux d’une vie où on n’a pas le choix
Une vie où on est heureux
Une vie stressante où on n’a pas d’espoir

Parce qu’un jour ou l’autre
On se fera contrôler
Et on mettra nos souvenirs dans nos valises
Sans aucun espoir
Mohammed El G.




Blessure au repos


Douleur, mais quelle douleur
Sur le coup c’était une frayeur
C’est un accident ou une agression
Qui vient de se produire, il y a un instant
Je me suis senti mal
Et ils m’ont transporté à l’hôpital
Surpris et j’ai du mal à le croire
Je croyais que c’était un cauchemar
Mais à chaque fois que je regardais c’était bien réel
Jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas réussi à
Oublier une seule fois ce jour là.
Douleur, mais quelle douleur
Sur le coup c’était une frayeur
On peut dire que c’est mon destin
Slimane




Nouvelle vie


Oui à la nouvelle vie
Crie à la nouvelle nuit
Souris à la belle nostalgie
Tels sont les conseils d’une vieille amie
Car pour elle la vie vaut bien d’être vécue
Oublier le passé douloureux
Et dorénavant
Profiter des jours heureux
Noro, écrit après sa régularisation