Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Des lycéens manifestent à Paris contre les expulsions d'enfants scolarisés

Ils étaient plusieurs milliers à manifester dans les rues de la capitale jusqu'aux abords du ministère de l'intérieur, jeudi, après un appel du syndicat lycéen FIDL, de RESF et de la CGT.

Par  et (avec AFP)

Publié le 17 octobre 2013 à 09h22, modifié le 18 octobre 2013 à 07h49

Temps de Lecture 4 min.

Pour protester contre les expulsions de Leonarda, collégienne kosovare remise à la police le 9 octobre lors d'une sortie scolaire, et de Khatchik Kachatryan, un élève arménien parisien de 19 ans, des milliers de lycéens se sont mobilisés à Paris, jeudi 17 octobre, à la veille des vacances scolaires. Selon le rectorat et des syndicats, au moins quatorze lycées ont été perturbés et quatre autres – Maurice-Ravel, Hélène-Boucher, Charlemagne et Sophie-Germain – ont été totalement bloqués dans la matinée.

Réunis  à l'appel notamment du syndicat lycéen FIDL, du Réseau éducation sans frontières (RESF) et de la CGT Educ'action, des centaines de jeunes s'étaient rassemblés dans la matinée devant le rectorat de Paris, avant de converger vers la place de la Nation, rejoints par des enseignants. Le défilé, qui rassemblait 7 000 personnes selon la FIDL et  2 500 selon la préfecture de police de Paris, a ensuite pris la direction de Saint-Augustin (8e arrondissement).

Les manifestants, dont certains avaient tracé deux traits parallèles sur leurs joues en signe d'égalité, chantaient des slogans hostiles au ministre Manuel Valls tels que "Khatchik en France, Valls en Arménie", "Valls démission" ou "Libérez Khatchik !". Sur les pancartes, "Non à l'éducation par l'expulsion" ou "En France, les immigrés sont envoyés vallser".

"VALLS EST CENSÉ ÊTRE DE GAUCHE ET PRÔNER L'ÉGALITÉ"

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences
Découvrir

"Des professeurs ont distribué des tracts lundi à la sortie des cours et ont proposé de signer une pétition, raconte Astrid, 17 ans, étudiante en terminale au lycée Dorian, dans le 11e arrondissement. On a ensuite créé un groupe Facebook de soutien à Khatchik qui comptait déjà 500 membres avant-hier." Tous les lycéens interrogés font état d'une mobilisation via les réseaux sociaux (FaceBook, Twitter) et les textos.

Pour Elisa, 16 ans, en 1ere au lycée Charlemagne, dans le 4e arrondissement, "cette expulsion est la goutte d'eau qui fait déborder le vase". "On trouve inadmissible que des élèves soient expulsés, témoigne Fanny, 16 ans, en terminale L au lycée Hélène-Boucher, dans le 20e. Cela va à l'encontre de la Constitution et des droits de l'homme". A ses côtés, Mathilde approuve. "Valls n'a pas le droit de faire ça, il est censé être de gauche et prôner l'égalité".

"MON PÈRE EST ASSEZ D'ACCORD. J'EN AI DISCUTÉ AVEC LUI"

"La prof de français nous a appelé les enfants de Rabelais parce qu'elle trouvait notre attitude très humaniste", dit Neil Chemlal en 1re littéraire à Paul-Valéry dans le 12e arrondissement. Ce qu'il préfére aujourd'hui, c'est chanter son "Manu, si tu savais, ta politique, où on s'la met... "

Beaucoup n'en étaient qu'à leur deuxième manifestation, comme Léonie Esbron, une lycéenne d'Hélène-Boucher. "Je suis allée à la manif du mariage pour tous et aujourd'hui je suis là", commente-t-elle. A côté d'elle, Alice. A peine 16 ans elle aussi et le visage barbouillé de rouge à lèvres. "On n'avait que ça pour écrire le prénom de Katchik sur nos joues. C'est pas top, mais bon".

Pour Lucie Zeitoun, du lycée Brassens, il est important d'avoir une conscience politique. "L'accueil des jeunes étrangers et leur maintien en France le temps de leur lycée est une des valeurs de notre pays. Il ne faut rien lâcher." Elie, Mathieu et Eddy, tous trois en 1re scientifique ont passé le coup de fil aux parents pour leur expliquer qu'ils iraient à la manifestation plutôt qu'au cours de physique. " Mon père est assez d'accord. J'en ai discuté avec lui. Mais bon ce qu'il ne faut pas, c'est que je rate le devoir de physique après !", plaisante Mathieu.


Le dispositif policier, léger entre la place de la Nation et Bastille, s'est fait plus conséquent sur le reste du parcours. En cours de cortège, les policiers ont usé de bombes lacrymogènes envers les manifestants les plus agités. Les manifestants sont arrivés en début d'après-midi place Saint-Augustin, avant de se disperser dans le calme.

La Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) a appelé "les parents parisiens" à se joindre au mouvement, demandant la régularisation des familles sans papiers et des jeunes majeurs scolarisés.

La mobilisation s'est également étendue hors de la capitale. A Mende, en Lozère, les manifestants étaient une centaine, selon la préfecture, unis derrière le slogan: "Leonarda ne va pas en cours ? Nous non plus". Et à Avignon, des élèves membres de l'UNL prévoyaient de se rendre de lycée en lycée pour distribuer des tracts d'appel à la mobilisation. A Grenoble, le lycée des Eaux Claires a également connu un blocus en début de matinée.

LE 5e JEUNE MAJEUR SCOLARISÉ EXPULSÉ DEPUIS L'ÉLECTION DE HOLLANDE

Alors que le cas de Leonarda Dibrani fait la une des médias depuis le début de la semaine, celui de Khatchik Kachatryan était jusqu'ici passé inaperçu. Agé de 19 ans, cet élève au lycée Camille-Jenatzy (18e) a été expulsé samedi vers l'Arménie, selon RESF, où il devrait être enrôlé pour effectuer son service militaire au début de novembre.

En 2011, seuls deux jeunes majeurs scolarisés avaient été expulsés, dont un était revenu rapidement avec un visa en règle. Khatchik Kachatryan est le cinquième jeune majeur scolarisé à être expulsé depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir, selon RESF. "Une telle mobilisation nous fait chaud au cœur, juge Dante Bassino, enseignant en lycée technologique, secrétaire général de la CGT Educ'action Paris et membre de RESF. On espère que le gouvernement annonce qu'il n'y aura plus d'expulsions de lycéens et que ce sera inscrit dans la loi."

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.